Nous sommes mal.
Les élus ne parviennent ni à comprendre la politique de François Hollande, ni à l'accompagner ou à la contrarier. A gauche, on grogne de plus en plus. A droite, on tente des sorties. On le savait : cet homme règne par la division, de la France et des Français.
Mais les Français, eux, sont dépités. Plus encore ceux qui ont voté pour lui. Les autres attendent. Normalement après l'élection, c'est le temps de l'infaillibilité du vote. Quelle pire impression que d'avoir été trompé ? Et nous sommes dans ce moment-là. Dans ce doute-là. Une gauche qui a tous les pouvoirs mais qui ne sait qu'en faire. Impuissante. Irrésolue.
François Hollande ne parvient pas à éviter la double peur : rassurer sa gauche et ne pas trop inquiéter la droite. Ses résultats, presque un an après la présidentielle, sont marqués du sceau de l'inefficacité. De l'indigence. Du désordre des discours. Son équipe gouvernementale est faible, divisée, taraudée déjà par les excès de langage. Quel piètre bilan.
Pour réagir, François Hollande en appelle à la communication, invente des déplacements provinciaux dont l'artificialité n'échappe à personne. Déjà au plus bas dans les sondages, il croit trouver une sauvegarde dans la guerre. Confronté à la fronde d'une partie de sa majorité, il annonce le recours, vite contredit, aux ordonnances. Epuisement de sa légitimité.
Il voudrait nous habituer à être là. Qu'on le voie vraiment en président. Mais, avec son verbe saccadé, la solitude que l'on sent dans cette étrange pratique du pouvoir, cet habit que définitivement il ne parvient pas à revêtir, il voudrait nous soumettre à un pouvoir vieux jeu, triste et tout compte fait dangereux.
C'est une vieille histoire. Le roi patelin. Marchant cahin-caha, cachant sa dureté et, par moments, jaillissant de sa boîte pour punir. Cet homme n'avait jamais gouverné. Les Français le découvrent. Ils comprennent chaque jour que le chef de l'Etat est un chef de bande, qui nomme les siens et ignore les autres. Pire, pour lui, un bon Français est un Français de gauche.
En vérité, pas de surprise. La ruse du détour, avec des textes législatifs qui jouent comme des accessoires, est éventée. La posture et les rodomontades vis-à-vis de l'Allemagne signent sans cesse l'échec de la France dans l'Union européenne. Et cette incapacité à affronter la crise économique, à lutter contre le chômage... C'est le règne de la contrefaçon. On peut se résoudre à obéir mais un peuple libre ne sert pas. Il refuse. Il se révolte. Il peut avoir des chefs mais ce ne sont pas des maîtres.
Que faire ? Il reste, et c'est énorme, la France et les Français, intelligents, curieux, insaisissables, originaux, inventeurs d'une démocratie vivante que quiconque jamais ne pourra museler, interdire, étouffer. Car tous ces pouvoirs assemblés (Parlement, régions, villes et départements), réunis, détenus par cette gauche qui en quelques semaines a raté son rendez-vous avec l'histoire, ne peuvent nous soumettre.
Nous avons un nouveau récit à écrire tous ensemble. Une révolution tranquille à engager. Une figure inédite de nous-mêmes, une France nouvelle à faire émerger. C'est un long travail. Depuis des années maintenant, nous traversons une crise économique terrible. Nous devons nous rassembler pour renverser la table, retrouver l'envie de nous engager, de dire non aux vieilles habitudes, à ce radical-socialisme qui nous épuise, tuer les différences, redécouvrir l'honneur d'être nous-mêmes et penser que la France est notre chance.