"La seule grande ville de l'intérieur, en-dehors de Paris, est Toulouse. Malgré des poids terriblement inégaux des deux villes (hier et aujourd'hui), ce rapprochement semble à la réflexion, avoir sa logique. Ne s'agit-il pas des centres de gravité des deux plus vastes bassins sédimentaires de France, le bassin Parisien et le bassin d'Aquitaine ? Toulouse est favorisée par sa position géographique, face au Massif Central, à la Méditerranée, aux Pyrénées, à l'Espagne et à l'Atlantique. Une région céréalière proche et riche équilibre sa vie. La Garonne peut se comparer à la Seine, même si la comparaison ne tourne pas à son avantage. La ville a aussi, des siècles durant, dominé le monde composite et culturellement doué du Languedoc. L'histoire la favorisant, sa langue, comme la langue de l'Ile-de-France, aurait pu conquérir de vastes espaces, au-delà du Rhône comme vers l'océan. Toulouse, un Paris qui n'aura pas réussi ? Aujourd'hui, prendrait-elle sa revanche ... ?
Ces idées paraîtront, sans doute, insolites. Et pourtant ne rejoignent-elles pas l'essentiel, je veux dire, une fois de plus, la coexistence de deux Frances, celle d'oil et celle d'oc ? Est-ce Paris qui a infériorisé, tué à distance la ville de la violette, comme elle a maintenu sous le boisseau Orléans ou Reims, ces rivales du Nord où l'histoire de France aurait pu trouver son centre de gravité ..."
In "Identité de la France", livre 1 : "Espace et Territoire",
chapitre 2 : "Cohésion du Peuplement",
section 3 : "les Villes",
p.217 "Place aux grandes villes"